In the heat of the night.

Je propose même une musique d'ambiance pour la lecture. sympa, le type!
(pas de lecteur flash pour le moment, suffit de cliquer droit et de sélectionner "ouvrir dans nouvel onglet"... je publie vite fait pour le moment, alors pas trop envie de m'occuper de ça. voilà voilà.)


 In the heat of the night.


Le mois de mai avait offert un magnifique avant-goût de l'été à venir. La journée avait débuté très tôt et j'avais commencé par prendre mon café dans la claire fraîcheur de l'aube, alors que la rosée faisait encore frissonner les longues herbes folles au delà des pelouses bien entretenues.
Une grande inspiration, et je m'étais plongé dans le travail harassant que peut offrir la campagne lorsqu'on se donne la peine d'apprécier une activité physique constructive.
Tandis que les heures passaient, le soleil s'était lentement élevé dans le ciel, incitant les grillons à psalmodier leurs stridulations et les végétaux à libérer leurs pollens. L'air s'était alourdi, la chaleur s'était faite écrasante. Après le déjeuné léger, je m'étais remis au labeur, content de transpirer vraiment, comme au plein cœur d'une canicule.
Le soir succéda lentement à la lumière éclatante de l'après-midi et à ma grande satisfaction, je pus  remplir les objectifs que je m'étais fixé en début de journée. Le rangement et le nettoyage des outils, fastidieux mais nécessaires pour finir définitivement cette séance de travail, une fois réglés, je m'installais à table et mangeais à nouveau, heureux de contenter un estomac vide, tout simplement.
Le soleil s'était couché lorsque je refis un tour à l'extérieur, et la douceur de l'air m'incitait à la somnolence. La poussière et la sueur séchée me collaient à la peau; je décidais de prendre une douche rapide.
Quel bonheur de se sentir à nouveau propre!
La télévision ne diffusait rien d'intéressant, et je commençais alors à me demander que faire. En refaisant un tour dehors, je me rappelais une promesse que je m'étais faite. Profiter de la piscine, que nous avions construit quelques années auparavant, et qui ne servait plus que comme simple argument commercial.
J'y allais. De l'étendue bleue émanait une impression de froideur. Une certaine lassitude me fit encore hésiter, mais un simple effort, et je découvris que le liquide salé était à 26 degrés, température parfaitement idéale, la juste fraîcheur qui permettait tout de même de s'immerger sans réticence.
Ce fut une séance délicieuse, ou je nageais et me laissais flotter tour à tour, bien loin de toute agitation.
Les nuages avaient envahi le ciel et l'atmosphère lourde et électrique de la journée semblait atteindre son paroxysme. Je sortis et alors que j'avais entrepris de me sécher, de grosses gouttes s'écrasèrent sur la plage. Un sourire étira mes lèvres. Je retournais aussitôt dans l'eau, la pluie martelait le dôme et la surface de l'eau; je me laissais aller au fond et profitais de l'ambiance exceptionnelle qu'une baignade en eau calme sous la pluie peut apporter.

Juste avant de me lasser, je mis fin à cette séance. Quelques éclairs déchirèrent le ciel et le tonnerre gronda pendant que je me séchait soigneusement.
Je m'installais sur la terrasse ouverte, entre les colonnes, et allumait une cigarette. Mes membres se trouvaient légèrement engourdis et me rappelaient la satisfaction du travail accompli.
L'orage gagna en intensité, et des bourrasques ramenaient de la pluie jusque sur moi.
Je décidai de rentrer.
Un coup de tonnerre soudain et violent fit trembler les fenêtres.
Je montai à l'étage et après avoir entrouvert mon vélux, je m'allongeai sur mon lit. Ça sentait le lambris chaud et l'humidité soudaine se heurtant à la terre poussiéreuse.
Paradoxalement, le violent orage semblait s'accorder parfaitement avec le calme serein que je ressentait à présent. Le repos physique après une longue journée de labeur, la fraicheur de la baignade après une longue journée de chaleur et les vagabondages de l'esprit après une journée purement physique étaient décidément délicieux.
Des éclairs zébraient le ciel régulièrement et la pluie martelait le double vitrage. J'observai ce spectacle avec contentement et replongeais avec bonheur dans une suite innombrable de souvenirs d'autres orages, couché dans cette même chambre, les yeux fixés sur le même carré de ciel visible à travers ce même vélux. Que de souvenirs, diffus mais inoubliables!
Une partie de mon enfance résidait dans cet endroit, dans cette ambiance ou la chaleur de l'été déclenche des phénomènes grandioses.
J'avais envie de le faire partager, que d'autres gens puissent ressentir avec moi ce mélange de nostalgie, de bien-être satisfait et de calme...
finalement, n'est-ce pas cela la motivation principale de l'écriture?